Avez-vous remarqué que lorsque vous vous connectez à Facebook, on vous propose dans une section de l'écran d'accueil une série de profils de personnes que vous pourriez connaître ? La plupart du temps, il s'agit de croisements entre votre liste d'amis et celles de ces derniers. Le système peut ainsi vous demander si vous connaissez également telle ou telle personne qu'un de vos amis a inclus dans sa propre liste. C'est ce que Facebook appelle les « amis des amis ». Mais ces suggestions, apparemment innocentes, vont parfois bien plus loin. Surgissent en effet parfois dans cette liste des noms sans photos et sans mention d'amis communs. J'ai souvent été renversé d'y voir apparaître, à l'occasion, les noms d'anciens clients qui ne disposent pas des coordonnées que j'utilise pour ce compte très personnel, et me suis toujours demandé ce qu'ils faisaient là... J'ai récemment obtenu réponse à cette question, et je dois avouer qu'elle n'est pas rassurante.
Pas de compte Facebook ? En êtes-vous sûr ?
En matière d'informations personnelles, la gourmandise de Facebook ne semble avoir aucune limite. Ainsi, selon certains analystes, le réseau social créerait des profils fantômes, autrement dit des profils de personnes qui n'auraient pas ouvert de compte sur le système, à partir d'informations glanées dans les comptes des autres.
Par exemple, Monsieur A ouvre un compte Facebook et, en toute bonne foi, synchronise celui-ci avec la liste de contacts de son compte courriel Hotmail ou Yahoo, et avec le carnet d'adresses de son téléphone cellulaire. Il arrivera nécessairement que les noms et coordonnées de personnes ne disposant pas de compte Facebook y seront détectés. Or plutôt que d'ignorer ces données, Facebook les emmagasinerait tout de même et irait jusqu'à créer pour ces personnes un compte fantôme où des données s'accumuleront à son insu. Ce qui est bien entendu complètement illégal. Plusieurs abonnés Facebook pouvant disposer de données différentes sur les mêmes personnes, le tout pourra être croisé et accumulé dans un profil unique et identifié. De cette façon, Madame B, contact professionnel très lointain de Monsieur A, aura sans le savoir un profil et Facebook saura par exemple que quatre, douze ou trente-deux personnes la connaissent (en cumulant les bottins d'adresses de tout le monde). C'est ce qui leur permettra de chercher des corrélations et de proposer des profils d'amitié à d'autres abonnés.
Finalement, Facebook compile et analyse la liste des gens que vous connaissez sans vous demander votre opinion, ni la leur. Et il est fort probable que lorsque Madame B ouvrira finalement un compte sur le réseau, les informations accumulées sur sa vie d'avant Facebook s'y retrouveront rétroactivement. Nous sortons ici du cadre de l'illégalité et entrons carrément dans celui de l'immoralité.
Vos craintes ne se calmeront d'ailleurs pas lorsque vous apprendrez que Facebook utilise des témoins (
N'est-ce pas d'ailleurs de cette façon que les services secrets de renseignements ont toujours fonctionné ? Ils suivent leur cible, prennent des notes, fouillent ses ordures à la recherche d'informations en tentant d'établir l'identité des personnes avec qui il a des relations. Ils se tournent ensuite vers ces dernières pour élargir l'enquête et obtenir plus de détails. De tout temps les citoyens se sont battus pour protéger leur vie privée face à ces intrusions des gouvernements dans leur vie. Et maintenant, ils se bousculent au portillon pour se faire espionner par Facebook ! C'est à n'y rien comprendre...
Mais madame, ce n'est pas moi voyons !
Bien entendu, les responsables du site se défendent bien de procéder à de telles opérations. Ils soutiennent au contraire que le site est sécuritaire et que seules les personnes autorisées peuvent accéder au compte d'un usager. Mais qu'en est-il vraiment ? Des chercheurs se sont livrés à de petites expériences en utilisant des fonctions (tout à fait légales) permettant de contourner les règles pour accéder au plus grand nombre possible d'informations personnelles concernant les usagers. Pour ce faire, ils ont utilisé la même recette gagnante que Facebook : la naïveté des gens.
La procédure était très simple. En utilisant quelques ordinateurs programmés à cette fin, les chercheurs ont ouvert une centaine de comptes Facebook fictifs et ont lancé cinq mille demandes d'amitié. En moins d'une semaine, 20 % de ces gens (c'est-à-dire 1000 personnes) ont accepté ces demandes provenant de comptes de parfaits inconnus ! Utilisant ensuite ces nouveaux amis comme tremplin, nombre d'usagers ouvrant leurs informations aux « amis de leurs amis », les chercheurs ont pu collecter près de 250 gigaoctets de renseignements personnels, photos, adresses, dates de naissance, etc. Sécuritaire Facebook ?
Mince consolation, il faut quand même souligner que les scandaleux abus de Facebook en matière de vie privée font de plus en plus l'objet de protestations et d'enquêtes. Ainsi, une plainte a été déposée auprès du Commissaire à la vie privée d'Irlande à propos des profils fantômes; les autorités européennes s'intéressent à la question des « cookies » et le Département américain du commerce a convoqué Facebook pour en savoir plus sur son usage de la reconnaissance faciale. Mais que pèsent vraiment ces recours face aux milliards engrangés par Zuckenberg ? Parions qu'il a déjà fait une provision pour payer les amendes qui lui seront imposées et qu'il continuera à nous épier. Et parions aussi qu'il continuera à recevoir honneurs et doctorats honorifiques. Finalement, c'est peut-être la Chine qui a raison en bloquant carrément l'accès à Facebook sur son territoire...
À la prochaine !
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