Ah! La rentrée des classes! Quel plaisir immense que de ramener nos petits sur le chemin de l'école et de retrouver un peu de quiétude. Mais avant d'atteindre ce nirvana, il faut quand même passer par quelques épreuves comme l'achat des fournitures scolaires. Ici aussi, de nombreux souvenirs heureux m'assaillent : le chariot de fournitures scolaires passant de classe en classe; l'appel des chanceux qui, tour à tour, peuvent quitter leur place pour aller y choisir leur matériel pour l'année; l'odeur des gommes à effacer neuves, celle des crayons qui se brisent pour la première fois au taille-crayon... Combien de grands moments de ma petite enfance qui refont surface alors que j'arpente les allées du grand magasin où nous choisissons les fournitures scolaires qu'utilisera fiston pour cette nouvelle année. Ah, nostalgie quand tu nous tiens!
Le passage obligé à la caisse m'a cependant permis de constater que les choses avaient beaucoup changé.... Car à l'époque de la vraie gratuité scolaire, nos achats se limitaient à des crayons, stylos, gommes, ou règles de bois. Aujourd'hui, mon fils de huit ans magasine un clip USB sur Internet et m'envoie les images de son modèle préféré par courrier électronique! Et que penser de ces commerciaux où les parents magasinent des ordinateurs portables pour leur progéniture? Nous avons décidément fait beaucoup de chemin depuis une quinzaine d'années.
Vos licences, s'il vous plaît...
Encore une fois vous vous demandez où je peux bien m'en aller avec ces réflexions, et quel rapport ont-elles avec mon sujet du mois? Pas grand'chose, à vrai dire. Sauf peut-être de constater que la position des grands de l'informatique a aussi beaucoup évoluée pendant la même période au sujet des licences et droits intellectuels sur leurs créations. Ainsi, il y a quinze ans, les logiciels étaient principalement créés à travers de grandes entreprises qui protégeaient jalousement leur propriété intellectuelle et la défendaient bec et ongles. Le mouvement du logiciel libre, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous entretenir en ces pages, n'en était qu'à ses premiers balbutiements mais s'opposait déjà à cette façon traditionnelle de concevoir la création et la distribution des logiciels. Il faut rappeler que ce mouvement qui défend la liberté d'accès au code sources des logiciels et celle de quiconque à contribuer à son développement en reconnaissant le travail des autres, est diamétralement opposée à la conception commerciale et propriétaire de la chose.
Alors où en sommes-nous aujourd'hui? David a-t-il réussi à terrasser Goliath, ou celui-ci a-t-il réussi à l'écraser sous sa botte? Quelques nouvelles entrevues sur le Web nous donnent de précieux indices. Élémentaire mon cher Watson...
Une première donne le ton à toutes les autres, à savoir celle annonçant une victoire devant les tribunaux d'un développeur de logiciel libre qui accusait une entreprise de s'être approprié son travail1. Cette dernière se défendait en disant que le code était de toute façon publié sous licence ouverte, et qu'elle pouvait donc l'utiliser. Le tribunal donne cependant raison au développeur car ces licences permettent les contributions au développement des produits qu'elles gouvernent à la condition expresse que le ré-utilisateur donne crédit à l'auteur, identifie les sources et décrive les modifications qu'il a apportées au code. C'est ainsi que les produits peuvent évoluer dans le respect de leurs créateurs. Le tribunal laisse donc entrevoir la possibilité pour les créateurs de tels logiciels de réclamer une rémunération pour leur travail s'il est réutilisé dans un produit commercial ce qui constitue une évolution très intéressante du concept.
Car qui dit logiciel libre, ne dit pas nécessairement logiciel de deuxième classe! Des produits tout à faits spectaculaires et avantageusement comparables à ceux produits par les gros canons de l'industrie sont sortis des rangs des producteurs de logiciels libres. Pensons simplement à Open Office, qui offre une alternative de qualité égale à la suite Office de Microsoft. Le travail de ces créateurs sera désormais mieux protégé si cette tendance jurisprudentielle se maintient.
La tendance à l'ouverture des formats est aussi de plus en plus importante, et c'est tant mieux ! Car certains types de fichiers sont désormais d'usage si courant qu'il devient presque impensable pour leur inventeur de vouloir se les réserver. Un peu comme Pinocchio a fini par échapper à Geppetto, le format pdf a fini par voler de ses propres ailes en devenant une norme ISO, donc utilisable par tous. Ce passage facilite grandement l'utilisation et la création de fichiers pdf par toutes sortes d'applications, en passant par les numériseurs, les logiciels bureautiques, etc. Plus besoin de payer de droits pour l'utiliser, alors il vous sera facile de vous dénicher un logiciel de création de fichiers pdf qui vous permettra de convertir et stocker vos documents sur votre ordinateur sans les imprimer, et de réduire vos achats de papier et de classeurs... Je l'utilise par exemple pour conserver les actes que je consulte au registre foncier.
Les grandes entreprises (pdf est une création d'Adobe) semblent donc avoir compris l'intérêt d'occuper le terrain qu'ils ont gagné en faisant des formats qu'elles ont créés des normes communes de l'industrie. Le pari étant d'établir leur propre norme dans un domaine, quitte à offrir leur technologie gratuitement pour devenir du coup la référence en la matière et imposer leur présence aux acteurs qui l'utilisent. Microsoft vient tout juste de prendre la même voie en faisant adopter son nouveau format OOXML comme norme ISO.
Bon, bon, bon, je sais ce que vous pensez : c'est quoi ça le OOXML? Vous vous souvenez de la sortie de Windows Vista et de la nouvelle suite Office (2007) qui l'a accompagné ? Eh bien cette nouvelle suite bureautique (Word, Excel, Outlook...) délaissait les bons vieux formats .doc ou encore .xls utilisés jusqu'alors pour un tout nouveau format fondé sur un autre format de programmation, le XML. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce nouveau format et sur les problèmes de compatibilité qu'il occasionne, mais la décision de Microsoft, traditionnellement « en guerre » contre le logiciel libre, de rendre public son tout nouveau format de document est très éloquente sur les changements de mentalité opérés depuis quelques temps dans le merveilleux monde de l'informatique. Et comme Microsoft n'est pas la Croix Rouge, il y a fort à parier que la multiplication des applications qui utiliseront le nouveau format Office devenu gratuit et ouvert, lui profitera énormément et lui permettra de consolider ses parts de marché. Comme quoi « gratuité » rime parfois avec « profits »!
À la prochaine!
1 « Les développeurs du LOGICIEL LIBRE remportent une bataille » http://benefice-net.branchez-vouso.com/actubn/2008/08/ce_nest_pas_parce_que.htm
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