Pièges et astuces autour du Web Facebook (1ère partie)
J'ai dernièrement fait une découverte en fouillant dans de vieilles boîtes. Non, je n'ai pas trouvé de vieilles disquettes d'agendas... Je suis plutôt tombé sur des albums-souvenirs de mes années au secondaire. Ils m'ont rappelé une belle époque de ma vie, quoique assombrie ces derniers temps par les révélations des médias, puisque j'ai étudié au Collège Notre-Dame dans les années 1970... J'ai pu me rendre compte à quel point, contrairement à ce qu'on vit aujourd'hui, il était alors facile pour certaines crapules de donner libre cours à leurs bas instincts sans que personne ne s'en doute. Rien ne nous laissait croire à l'époque, en regardant les photos des coupables dans les albums, qu'ils agressaient et terrorisaient certains de nos condisciples. Ces albums ne nous montraient alors que leur beau profil...
Le virage technologique a, en ce sens, profondément changé la société où nous vivons. Tout le monde ou presque peut aujourd'hui prendre une photo ou une vidéo avec son cellulaire et placer le résultat sur Internet quasi instantanément. L'an dernier, un enseignant du secondaire a ainsi eu la surprise de trouver sur Youtube la crise qu'il avait piquée en classe le matin même ! (Plusieurs écoles ont par la suite interdit les téléphones mobiles en classe.) Mais si les nouvelles technologies facilitent la dénonciation des coupables, elles peuvent également détruire la vie d'innocents, pointés du doigt par erreur ou par malveillance. Il faut croire que c'est le prix à payer pour vivre dans une maison de verre technologique.
Non, la société n'est vraiment plus la même. Et on dirait parfois que la nouvelle génération cherche par tous les moyens à vivre sa vie publiquement et à en semer tous les détails, et parfois les plus intimes, aux quatre vents du Web. Le besoin de vivre son « quinze minutes de gloire » sur le Web l'emporte sur toute espèce de décence. Citons à témoin cette étudiante qui a diffusé une liste détaillée de ses exploits amoureux, avec noms et photos. Loin d'exposer l'auteure à un tollé et à l'opprobre général, ses indiscrétions lui ont plutôt attiré des offres de livres et de films. Le monde est fou...
Mais revenons à nos moutons. Le plus souvent, de telles indiscrétions sont publiées sur les réseaux sociaux, principalement sur Facebook. Ici, ma découverte de la fin de semaine vient me rattraper, car dans le milieu universitaire américain, le mot « facebook » désigne des bottins d'étudiants contenant leurs coordonnées et une photo permettant de les identifier. (Par extension, il est parfois utilisé pour désigner l'album-souvenir ou « yearbook ».) En 2004, le site Facebook a d'ailleurs été conçu à cette fin par un étudiant d'Harvard de 20 ans, Mark Zuckerberg, et trois acolytes. Aujourd'hui, six ans, cinq cent millions de comptes d'usagers et sept milliards de dollars dans son compte personnel plus tard, l'avenir de Marco semble bien assuré...
L'engouement pour Facebook est très important, et les Québécois en sont très friands. Une enquête récente du CEFRIO montre en effet qu'en 2010, « 78 % des internautes québécois ont fréquenté ou contribué au contenu d'au moins un média social » et que leur participation à de tels réseaux a augmenté de 41 % en un an. Pas étonnant que Facebook occupe aujourd'hui le second rang des sites les plus visités sur le Web, juste après Google.
La tempête des réseaux sociaux qui a cours depuis quelques années apporte pourtant son lot d'embûches. Les avertissements, notamment ceux du commissaire à la protection de la vie privée du Canada, sur leur gestion des données personnelles, les risques d'infection par les virus qui y circulent, les arnaques qui y sont menées, n'y changent rien : les gens adorent ces services, s'y inscrivent et y confient leur âme.
« Madame, poussez ! Monsieur, ouvrez un compte Facebook ! »
Indice suprême que ces avertissements tombent à plat : la présence des jeunes sur les réseaux sociaux. Les conditions d'utilisation de Facebook imposent pourtant clairement un âge minimum de 13 ans, mais des statistiques récentes montrent que la réalité est tout autre. La firme AVG a en effet publié une étude montrant que, par exemple, 5 % des bébés occidentaux de moins de deux ans ont leur propre compte Facebook ! En moyenne, les parents ouvriront un tel compte vers l'âge de six mois et les doteront aussi d'une adresse courriel. 80 % de ce groupe de cyber-bébés auront déjà laissé leur empreinte virtuelle sur le Web dès l'âge de sept ans, permettant de retracer déjà quelques pages, photos ou vidéos en tapant leur nom ! En voulez-vous plus ? L'échographie du quart des foetus se retrouve sur le Web avant leur naissance! Avant longtemps, l'album complet de la vie d'un humain se retrouvera en ligne, de l'échographie à la notice nécrologique... Je ne sais pas pour vous, mais j'ai soudainement un frisson dans le dos ...
L'importance des réglages de sécurité pour les usagers de tels sites est donc primordiale, tout comme celle de savoir y faire preuve de discrétion. D'autant plus que, malgré ses mea culpas et les modifications apportées à son site, il appert que Facebook conserve toujours les contenus de ses abonnés après qu'ils les aient volontairement retirés. Certaines photos seraient même restées disponibles en ligne près d'un an et demi après leur retrait. Le fait que Facebook génère autant de profits avec un service gratuit laisse également perplexe.
Bref, nous ne dirons jamais assez à quel point les réseaux sociaux ébranlent le Web et à quel point ces changements sont profonds non seulement pour le réseau, mais pour la société en général. Les présentations étant maintenant faites, dans notre prochaine chronique nous verrons les changements apportés récemment aux politiques et systèmes de Facebook en matière de protection de la vie privée ainsi que les meilleures façons de se protéger dans notre usage de ce service. J'aurai d'ici là vu le film consacré à la construction de Facebook et participé au volet du prochain colloque d'Educaloi portant sur « Les médias sociaux comme moyen d'accès à l'information juridique ». J'aurai donc encore beaucoup de choses à vous dire...
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