Au risque de radoter, laisser-moi revenir quelques instants sur l’astuce que je vous offrais à la fin de ma chronique du mois d’août. Bien que ma modestie me retienne d’ouvrir cette nouvelle chronique sur un bon vieux « je vous l'avais bien dit, non ? ». Je dois quand même constater que cette fois-ci je suis « tombé en plein dans le mille ». Merci, foule en délire, merci. Je veux évidemment encore parler de vie privée, mon dada, mon sujet de prédilection. Car, comme McDonald, je n’oublie jamais mes classiques. Mais au moins, dans ce cas-ci, c’est l’actualité qui m’inspire un retour à mon goût pour ce sujet.
Je vous ai effectivement glissé deux mots le mois dernier sur l’importance de bien effacer le disque dur d’un ordinateur avant de s’en débarrasser. Vous vous rappellerez que le simple déplacement des fichiers vers la corbeille et son vidage subséquent n’est absolument pas suffisant pour se débarrasser des données. Une personne mal intentionnée peut en effet débusquer assez facilement des informations personnelles sur un disque dur usagé. Et bien voilà qu’une étude britannique publiée récemment démontrait que bien peu de gens prennent la précaution d’effacer efficacement un disque avant de s’en débarrasser. D’après l’étude en question, 60 % des disques durs et cartes mémoires vendus sur le site Ebay contiendraient des données sensibles, comme des carnets d’adresse et même des mots de passe d’accès à des comptes de banque !1 Mes craintes semblaient donc tout à fait justifiées.
« Une once de Prévention vaut une livre de remède »
Je vous rappelle donc, au risque d’être accusé de radotage, que la meilleure précaution est de détruire toutes les données sur un disque dur avant de s’en départir et même, de faire le ménage régulièrement de nos disques. Le recours à un logiciel d’effacement est une bonne solution, car il nettoiera un par un les secteurs inutilisés du disque par plusieurs enregistrements et effacements successifs de données variables. Mais à moins que votre vieil ordi ne soit destiné à un usage particulier, pourquoi donc vouloir conserver le disque ou même le revendre ? Au prix quasi-dérisoire des unités de stockage et en considérant la masse d’informations confidentielles que nous accumulons sur nos clients, pourquoi ne pas simplement retirer et détruire physiquement le vieux disque dur ? Il ne vous en coûtera pas très cher d’en installer un tout neuf dans votre vieil ordinateur si vous voulez le refiler à fiston. » Vous dormirez mieux et réduirez vos chances de passer à J.E.
Mais à quoi bon inciter à la prudence en matière de protection des données informatiques quand nos études sont souvent déficientes dans la gestion des informations confidentielles conservées sur le bon vieux support papier ! La présence sous ma fenêtre d’un camion d’une entreprise de déchiquetage bien connue me rappelle en effet que de nombreuses copies, projets d’actes, photocopies inutiles ou partiellement ratées se retrouvent à tous les jours aux ordures dans leur état d’origine, toutes prêtes à être consultées ou réutilisées à mauvais escient. Suis-je parano ? Devrais-je consulter ? Peut-être. Mais je préfère être trop prudent et confier à ma déchiqueteuse les documents un peu trop personnels dont je veux me défaire, au risque de faire sauter les pauvres petits disjoncteurs de mon bureau. C’est ma façon de mieux dormir.
Si je vous parle si souvent de vie privée, c’est parce que l’évolution des technologies permet tellement d’efficacité dans la collecte, la gestion et le croisement de l’information, que les occasions de faire accroc à notre intimité se multiplient. La protection de notre intimité est un enjeu capital du virage technologique. Une stratégie à adopter est d’éviter de faire trop de vagues et de laisser trop de traces de notre passage, voire même de notre simple existence ! Car Big Brother rôde toujours, comme le prouve la mise sur pied aux Pays-Bas d’une base de donnée globale de la population, regroupant toutes les informations recueillies sur un individu de sa naissance à sa mort. État civil, éducation, dossier criminel, fiscalité, absolument tout ce qui concerne un individu y sera logé dès la création à sa naissance de sa fiche personnelle.2 Tout ça, dans un pays qui ouvre automatiquement un dossier de taxation dès la naissance de ses contribuables, ça promet ! Les autorités ont beau proclamer la sécurité et l’étanchéité absolue du système, l’expérience récente nous porte à craindre ce genre d’entrepôts de données qui ont le don d’attiser la convoitise des fraudeurs. Parions donc que ce n’est pas la dernière fois que je vous parle de vie privée...
Astuce : nettoyer ses traces
Parlant de prévention, il ne faut pas négliger l’importance de ne pas conserver inutilement des informations sur notre poste de travail. La simple utilisation d’un ordinateur emporte en effet la génération d’une kyrielle de fichiers journaux où s’accumulent nos historiques de navigation et de travail : liste de fichiers récents, historique de pages Web consultées, mouchards (cookies), fichiers temporaires de toutes sortes, etc. On peut bien sûr s’imposer le vidage manuel régulier de ces fichiers et dossiers, mais pourquoi ne pas confier cette tâche routinière et ennuyante à un logiciel ? « Mais bien sûr », me répondrez-vous ! Vous trouverez gratuitement, ou pour quelques dollars, de tels logiciels sur Internet. Qu’il s’agisse de Window Washer, Privacy Mantra ou autre, ces petits outils vous permettent de programmer l’élimination régulière de tous les fichiers temporaires, lors du démarrage ou de la fermeture de votre appareil, par exemple. Notons, pour respecter la logique de cette chronique, que ces éliminations de données se font habituellement par simple effacement. Il importe donc, de temps à autre, de faire nettoyer l’espace libre de votre disque par un logiciel d’effacement. Vous trouverez aussi de tels logiciels sur le Web.
Mais où trouver des logiciels sur le Web ? Bonne question les amis ! Des sites américains très connus comme Download.com ou Tucows.com comprennent des rubriques consacrées aux utilitaires de ce type. Les logiciels y sont classés par catégorie et par type de licence, certains étant gratuits, d’autres pas. Soyez quand même prudents avec les logiciels gratuits, certains de leurs créateurs finançant leurs travaux en leur intégrant des logiciels d’espionnage ou de marketing forcé comme Gator, qu’il faut fuir comme la peste ! J’aime, pour ma part, encourager les sites québécois, comme Megagiciel.com par exemple, que je fréquente depuis mes premiers jours d’internaute. Maintenant intégré à la famille de Canoe, il fonctionne sous le même principe que ses cousins américains. Vous y trouverez assurément ce que vous cherchez !
Bonne navigation !
1 « À vendre sur Internet : cartes mémoire et disques durs remplis de données confidentielles. » Branchez vous, 12 septembre 2005, http://www.branchez-vous.com/actu/05-09/09-293903.html
2 « Dutch Treat: Personal Database » Wired News, 15 septembre 2005, http://www.wired.com/news/privacy/0,1848,68866,00.html?tw=wn_tophead_4
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