Il faut se rendre à l’évidence, l’hiver approche à grands pas. Je devrai très bientôt prendre l’une des décisions les plus cruciales de l’année : quand dois-je commencer à porter un foulard ? Comme il faut tolérer cet accessoire piquant et facile à perdre pendant des mois, pourquoi ne pas essayer de l’éviter un jour de plus ? Le porter tôt en saison c’est triompher sans gloire, mais tomber malade pour avoir repoussé l’échéance me fera me maudire pendant deux semaines si je me soigne, ou pendant quatorze jours si je ne me soigne pas.
Le même dilemme guette les malheureux qui négligent toujours d’installer un logiciel anti-virus sur leur ordinateur. Vous aurez remarqué que le Web est en pleine saison de la grippe. Les notaires québécois n’ont pas été épargnés, si je me fie au nombre de virus qui m’ont été envoyés par leurs ordinateurs. Une fois mon ego revenu à des proportions acceptables (il faut quand même chaud au cœur de voir que plusieurs confrères aient décidé d’ajouter mon adresse à leur carnet) et trouvé rafraîchissant de recevoir des virus enrobés dans de désignations cadastrales, j’ai du constater à regret que les notaires étaient plutôt vulnérables à ce chapitre.
Atchoum... à vos souhaits !
La vitesse de propagation des nouveaux virus est tout à fait phénoménale. Mentionnons seulement le dernier en lice, le virus SirCam, qui se propage par courrier électronique. Une fois l’ordinateur infecté, SirCam importe le carnet d’adresse qui y est conservé ainsi que l’historique des pages Web consultées par son propriétaire. Il en retire toutes les adresses de messagerie qu’il peut y retrouver, choisit au hasard un fichier conservé sur l’ordinateur, se fond à ce dernier et s’expédie par courrier électronique à toutes ces adresses. Si la vôtre est sur cette liste, vous recevrez le virus en pièce jointe. Il ne portera donc jamais le même nom, et vous parviendra toujours d’une personne différente. Si vous ouvrez la pièce jointe, votre ordinateur sera infecté. Le texte du courriel est cependant toujours le même : « Hi! How are you? I send you this file in order to have your advice.See you later. Thanks”. Je commence à la connaître par cœur car j’en ai reçu près de 300 copies depuis le mois de juillet...
Utiliser Internet et les nouveaux moyens technologiques nous aide à communiquer et décuple notre productivité. Tout peut s’écrouler par manque de protection. Je vous supplie donc à nouveau d’y voir sans délai. Il est plus que jamais inadmissible de ne pas installer, activer et tenir à jour un logiciel anti-virus reconnu. Un tel logiciel n’est pas très dispendieux, certains sont même gratuits, et la mise à jour se fait toute seule. En disposer est désormais aussi essentiel qu’un foulard en hiver ou, semble-t-il, qu’une batterie anti-aérienne dans un centre-ville du 21e siècle...
Le Web dans la tourmente New Yorkaise
Vous lirez ces lignes à la mi-octobre. Cependant, moi, je les écris à peine vingt-quatre heures après la catastrophe du World Trade Center. Rassurez-vous, je n’ajouterai pas à votre indigestion de bulletins télévisés, et me limiterai à vous parler un peu de l’impact de ces événements sur le Web. Cette catastrophe nous aura en effet permis de mesurer la robustesse du réseau et son incroyable potentiel de communication, mais aussi d’atteindre les limites des sites Web des grands médias.
L’attentat a manifestement été planifié pour occuper tout l’espace médiatique possible. Un premier avion s’écrase, attirant toutes les caméras. Une fois toutes les lentilles rivées à l’immeuble enflammé le deuxième frappe, en direct sur toutes les chaînes. Nombre d’internautes ont ainsi pu suivre l’assaut sur leur ordinateur, la majorité des chaînes américaines affichant des extraits vidéos sur leur site. Ici cependant, la trop grande affluence de visiteurs en a paralysé plusieurs.
Le réseau aurait-il flanché ? La grande fiabilité d’Internet comme réseau de communication alternatif né de la guerre froide serait-elle donc un mythe ? Pas vraiment, car en réalité, le réseau n’a pas été sollicité outre mesure. S’il faut croire les statistiques du Internet Traffic Report[i] reprises par le Journal du Net[ii] , le réseau a été beaucoup moins accaparé en ce mardi noir que par un samedi normal et aura fait la preuve de sa fiabilité.
Il aura aussi fait ses preuves comme outil de communication en permettant, j’en ai été témoin, la formation de petits réseaux privés de clavardage (« chat ») où les dernières nouvelles circulaient rapidement et à l’échelle planétaire. Le village global est bien réel... D’ailleurs, la masse d’information qu’un internaute peut encore trouver sur les événements à partir des sites Web des grands quotidiens mondiaux est tout simplement phénoménale. Les sites des principaux quotidiens étant généralement mis à jour plusieurs fois par jour, parfois même plusieurs fois à l’heure, il est possible d’aller directement aux sources. (ex. : Washington Post[iii], le NewYork Daily News[iv] Boston Globe[v])[vi]
Ces sites ont bien sûr connu eux aussi des ralentissements dans les premiers moments de la catastrophe : charger totalement la page d’accueil de la Cyberpresse[vii] à partir de mon bureau m’aura demandé près de vingt minutes en ce mardi matin, alors que l’opération ne demande habituellement que quelques secondes. Mais la situation est rapidement revenue à la normale, contrairement aux pages des médias électroniques qui sont longtemps restées carrément inaccessibles.
Ce bémol mis à part, toutes les communications se sont effectuées sans problème et sans délai. Internet a été conçu pour survivre à des attaques nucléaires qui auraient balayé des villes entières. Sa conception en toile permet en effet à l’information d’emprunter une multitude de chemins différents pour se rendre à destination. La disparition d’ordinateurs à quelque endroit que ce soit du réseau n’empêche donc pas les autres de maintenir le contact en suivant d’autres itinéraires. La disparition de plusieurs ordinateurs situés au coeur de Manhattan n’aura donc même pas eu l’effet d’un éternuement sur l’architecture technique d’Internet. Maigre consolation me direz-vous, et vous aurez totalement raison.
Le Web récupère... dans tous les sens du mot
Ce sont plutôt les sites des principaux médias qui ont plié l’échine devant la hausse subite des connexions. Diffuser des segments vidéo sur le Web est en effet très exigeant sur le réseau, et la masse de demandes simultanées aura eu raison des serveurs. Tous se sont cependant largement repris par la suite, en offrant des images inédites de la collision, des dossiers et des pages interactives[viii] montrant des cartes géographiques ou des simulations des attaques en animation flash. Les grands sites de recherche comme AltaVista[ix] et Google[x] ont aussi rapidement réagi en ajoutant à leurs pages d’accueil dès mardi matin des boîtes de recherche spéciales ou des sélections de liens consacrées aux attentats. Tout, vraiment tout, peut être récupéré par le système.
... et intervient
Il faut finalement noter l’apparition de nombreux sites de support aux victimes, l’usage du Web par les autorités pour le signalement des disparus ou pour informer les familles des passagers des vols détournés, etc... Ma recherche Google sous (attack AND "world trade center") m’aura déjà retourné près de 15000 sites... Il y a aussi fort à parier que plusieurs sites prônant la vengeance ont déjà fait leur apparition et que certains hackers prendront des sites du monde arabe comme cible. Il y a de tout sur le Web, tant bon que mauvais. À l’image de notre monde finalement.
À la prochaine.
[i] http://www.internettrafficreport.com/
[ii] http://solutions.journaldunet.com/0109/010913_us_reseaux.shtml
[iii]http://www.washingtonpost.com/
[iv] http://www.mostnewyork.com/today/-/-/default.asp
[v] http://www.boston.com/globe/
[vi] Voyez cette liste de liens de la bibliothèque publique de NewYork qui contient une liste importante d’adresse : http://www.nypl.org/branch/central_units/mm/gr/current.html#NATIONAL NEWSPAPERS
[vii] www.cyberpresse.ca
[viii] voir par exemple http://www.cnn.com/SPECIALS/2001/trade.center/map.html
[ix] www.altavista.com
[x] www.google.com
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